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    09 January 2009

    Les "fansubs" mencent-ils l'avenir des séries télé ?

    S’il est désormais possible de trouver sur le Net n’importe quelle série sous-titrée dans les principales langues de la planète, c’est grâce à des fans-traducteurs qui travaillent bénévolement. Et à la limite de la légalité.





    Depuis plusieurs années, le phénomène du "fansub" se développe sur la Toile. Derrière ce nom barbare se cachent des individus, et parfois de véritables organisations, dont le seul but est de traduire pour le plaisir les derniers épisodes d’une série télévisée.

    L’animation japonaise cartonne sur la Toile

    Le phénomène touche particulièrement les animes (se prononce "animé"), ces dessins animés japonais dans un style manga. Pourquoi ? Parce qu’il y en a une large variété, à l’image des mangas. Très souvent ils ne sont pas distribués dans les pays occidentaux, car les sociétés de production hésitent à investir dans ces séries très ciblées. Ce qui permet aux groupes de "fansubs" de s’épanouir.

    La plupart des séries américaines à succès telles que "Desperate Housewives" ou "Les Experts" sont également disponible quasi instantanément sur le Net. Mais les épisodes sont plus longs à traduire (40 minutes en moyenne, contre 20 pour un anime), et les droits de propriété intellectuelle sont beaucoup plus stricts, la majorité de ces séries ayant des distributeurs à l’étranger. Enfin, ces séries sont largement distribuées à travers le monde et donc beaucoup plus accessibles au public.

    Aujourd’hui, pour les séries japonaises à succès, le processus prend moins de 24 heures pour obtenir une version anglaise, et un peu plus pour une autre langue. Les "fansubbers" d’autres pays attendent souvent la version anglaise pour faire la traduction dans leur propre langue, car les bilingues anglais sont plus courants que les bilingues japonais.

    Un système bien rodé

    A l’origine de Dattebayo-FR, la branche française de Dattebayo, le groupes de "fansubs" le plus connus de la Toile, un jeune fonctionnaire de 25 ans connu sous le pseudo Tipii. Fan de la première heure de "Naruto", l’anime le plus téléchargé, il décide en 2005 de se charger de la traduction en français.

    Seul à ses débuts, il se procurait le fichier original et la traduction anglaise, fournie par les "subbers" américains, et l’adaptait en français. Pour en faire profiter le reste de la communauté de fans, il distribuait ses vidéos via IRC, un programme de chat simpliste, qui permet aux utilisateurs de se retrouver par centre d’intérêt.

    "Beaucoup de fans m’ont proposé leur aide sur IRC. Certains s’occupaient de la traduction quand je n’avais pas le temps, d’autres m’ont donné des conseils techniques pour améliorer la qualité des vidéos", explique Tipii. Son équipe compte aujourd’hui plusieurs dizaines de personnes.

    Fidèle à l’esprit d’Internet, Dattebayo-FR respecte le concept de gratuité. Pour Tipii, la philosophie du fansub c’est de "faire un truc gratuit et pouvoir en faire profiter la communauté française. Mais je reste un fan avant tout."

    Rapidement victime de son succès, il lance en 2006 un site Internet, qui en est aujourd’hui à sa troisième version et qui propose une douzaine d’anime traduits. Tipii estime à 100 000 le nombre de téléchargements d’un épisode de Naruto dans la semaine qui suit sa mise en ligne. "L’hébergement, ça représente 4 téraoctets par mois", précise Lowan, développeur du site. Et c’est compter sans les visionnages sur Dailymotion et YouTube, ou d’autres sites qui vont à leur tour distribuer le fichier.

    Les chiffres de la version anglaise sont encore plus impressionnants. Selon le site Dattebayo.com, la moyenne de téléchargements d’un épisode en 2008 avoisine les 450 000.

    Aux frontières de la légalité

    Tant que la série n’est pas officiellement distribuée dans le pays en question, il n’y a pas toujours d’ayant-droit pour présenter de réclamations. Les studios japonais ne se plaignent pas systématiquement, car les "fansubs" leur assurent une distribution internationale gratuite.

    Quelques sociétés de production occidentales finissent par acheter les licences, parfois à la suite des succès que rencontrent ces séries sur le Net grâce aux "fansubs". C’est le cas en France et aux Etats-Unis pour la série "Naruto". Les groupes de "fansubs" sont alors généralement contactés et priés de cesser leurs activités.

    L’équipe de Dattebayo-FR n’a pas échappé à la règle. Lowan s’en souvient. "Un jour, on a reçu un mail de la part d’un distributeur français concernant une des séries qu’on 'subbait', reconnaît-il. S’en est suivie une discussion et au final, je pense qu’ils ont décidé de nous laisser tranquille. De toute façon, si on arrête, d'autres 'teams' seraient créées [groupe de "fansubbers"]. Le problème d'Internet fait que cela est incrontrôlable."

    Côté distributeur : son de cloche différent. Pour Cédric Littardi, PDG de la société Kaze qui exploite plusieurs licences, le problème vient plutôt du mode de consommation qui découle des "fansubs". "Pour un jeune adolescent, c'est devenu normal de visionner un épisode 'fansubbé' sur Dailymotion gratuitement, déplore-t-il. Les fans doivent comprendre que produire un dessin animé coûte très cher, et qu'il faut du temps pour produire une version traduite de qualité."

    Tipii, lui, ne considère pas qu’il y a forcément un concurrence entre "fansubbers" et distributeurs. "Les habitués de 'fansubs' ne veulent pas d’une version doublée en français. Ils se sont habitués depuis des années aux voix japonaises. A l’inverse, les téléspectateurs qui découvrent la série en français n’iront pas forcément télécharger une version originale sous-titrée", explique-t-il.

    Une cohabitation à l’amiable qui est d’autant plus concevable que les "fansubbers" ont le plus souvent une bonne marge d’avance en termes de nombres d’épisodes. Mais, selon Cédric Littardi, les effets du "fansub" se font déjà ressentir jusqu'au Japon : "Certains studios sont presque en faillite, le nombre de séries animées produites est en chute de presque 50 %. C'est la création même qui est en train d'en souffrir." Pas sûr que l’argument empêche les centaines de milliers d’accros de télécharger le dernier épisode de leur série préférée.

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